Le 13 mai 2019, l’Office des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) [1] lançait un nouveau signal d’alarme concernant ses difficultés prochaines à financer l’aide alimentaire qu’il apporte à un million de réfugiés de la Bande de Gaza. Quelques jours plus tard, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, c’est le conseiller du président Trump, Jason Greenblatt, qui a répondu de la pire des manières qui soit. Il a d’abord affirmé que l’Office « avait failli à sa mission auprès des Palestiniens et que son modèle ne correspondait plus à leurs besoins » puis, surtout, il a demandé son démantèlement et le transfert de ses services aux pays accueillant des réfugiés palestiniens et à des ONG.
Depuis 2018, les États-Unis ont supprimé leur contribution financière annuelle de 300 millions de dollars, mettant l’Office en péril et en grandes difficultés face aux besoins toujours croissants des réfugiés palestiniens. Une perte sèche, en partie compensée pour 2019 par des dons exceptionnels des pays arabes, européens et asiatiques.
Aujourd’hui, outre que l’Office est encore une fois à la recherche de nouvelles contributions, c’est son existence même qui est remise en cause par ceux qui prétendent préparer un nouveau "plan de paix". Israël et les États-Unis veulent imposer une réponse définitive, à leur façon, à la question des quelque sept millions de réfugiés, dont plus de cinq millions pris en charge par l’UNRWA. Plus question de droit au retour ni de compensations matérielles pour les familles de réfugiés de 1948 et de 1967 pourtant clairement définis par le droit international et les résolutions 194 et 237, respectivement adoptées en 1948 et 1967 par l’ONU. Ils s’opposent au fait que les réfugiés puissent transmettre ce statut à leurs descendants, souhaitant réduire à quelques centaines de milliers le nombre de personnes bénéficiant d’une aide de l’UNRWA et pouvant faire valoir leurs droits au retour et à compensations.
L’UNRWA, dont il faut saluer l’opiniâtreté, conteste vigoureusement les propos provocateurs de Greenblatt et a demandé à la communauté internationale l’augmentation des aides financières lors de la conférence annuelle de ses bailleurs de fonds, le 25 juin 2019, à New York. « Nous savons ce qui est en jeu : l’éducation pour un demi-million d’enfants ; une assistance d’urgence pour 1,5 million de personnes ; 8 millions de visites médicales par an », a déclaré António Guterres, secrétaire général de l’ONU, à l’adresse des participants. « Avons-nous, en tant que communauté internationale, suffisamment fait pour honorer l’esprit des résolutions antérieures de l’Assemblée générale concernant ces réfugiés ? », a souligné Maria Fernanda Espinosa, présidente de l’Assemblée générale de l’ONU.
À l’issue de la conférence, le commissaire général de l’UNRWA, Pierre Krähenbühl, a annoncé que plus de 110 millions de dollars avaient été promis. La France contribuerait pour 20 millions d’euros, le double de l’an dernier. L’Office mobilisera à nouveau des donateurs en septembre, lors de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU, au niveau des chefs d’État et de gouvernement.
C’est pour alerter l’opinion internationale que, le 14 mai 2019, le Conseil des organisations palestiniennes des droits humains (PHROC) [2], dans une déclaration au titre évocateur, « La Nakba doit cesser : il faut protéger les réfugiés palestiniens », a formulé trois demandes parfaitement claires :
- Que l’ONU rende « obligatoire plutôt que volontaire » le financement de l’UNRWA.
- > Que les États et agences onusiennes (UNRWA et HCR) respectent « leurs obligations d’approvisionnement en aide humanitaire, en assistance mais aussi en protection physique et légale, aux réfugiés palestiniens, et mettent fin à leur exclusion discriminatoire de l’ordre international. »
- > Enfin, que soient adoptées et appliquées les recommandations de la commission d’enquête sur les crimes de l’armée d’occupation à Gaza. C’est-à-dire que l’ONU prenne des sanctions « visant à mettre Israël en conformité avec les obligations que lui impose le droit international et à poursuivre les auteurs de crimes internationaux. »
- Aujourd’hui, le soutien de Donald Trump à la politique coloniale israélienne reste sans faille. Il a reconnu Jérusalem comme capitale israélienne, accepté officiellement l’annexion de Golan syrien et continue d’encourager l’extension des colonies en Cisjordanie et leur annexion prochaine au territoire israélien, comme l’a promis Netanyahou à ses électeurs. Appuyé par certains pays arabes, il veut imposer un "plan de paix" qui gomme le droit au retour contre une poignée de dollars. Les Palestiniens refusent ce plan de dupes, à juste titre.
En Palestine occupée, la colonisation s’intensifie, en particulier à Jérusalem, tandis qu’à Gaza, où plus de 70 % des habitants sont des réfugiés, la répression coloniale veut réduire les grandes "marches du retour". Pourtant les mobilisations populaires continuent de s’opposer aux prétentions d’Israël et des États-Unis d’effacer la question des réfugiés. Signe évident que, dans la conscience collective du peuple palestinien, le droit au retour, inscrit dans le droit international, reste d’une importance capitale pour son avenir.